Pourquoi je vote LO

Certaines personnes ont souvent du mal á comprendre le vote LO, elle qualifie ce vote entre autre de sectaire, de jusqu'au boutisme, etc. Je vais donc essayer d'énumérer les raisons qui me portent vers ce vote. Vous m'excuserez pour la pensé diffuse et confuse lorsque j'écris, j'espère.

1. Tout d'abord, pour commencer par le commencement, je ne suis plus communiste, et je ne crois plus en l'idéal Marxiste Léniniste. Si Lénine n'était pas mort en 1924 je suis persuadé qu'il eût était un despote tout comme le fût son successeur. "Le livre noir", François Revel, etc sont passés par lá, mais l'apprentisage de l'histoire également. Or je me sens toujours á gauche, très á gauche même. Bakounine parlait jadis "d'anarchisme esthétique", c'est une expression que j'aime bien.

2. Je ne crois pas que le simple fait de réformer le système (comme le désire la LCR) soit une solution. Des mouvements anti-mondialisations de Seattle á nos jours, quelque soit le pays, n'ont rien fait pour changer la donne. La LCR pense que le système peut être réformé en y mettant un "grain de sable" (Tobin), idée généreuse mais oh combien irréaliste.

3. Les ONG (Greenpeace, MSF) font un excellent travail, mais elles ne font que mettre des pansements sur des jambes de bois. Ces ONG ne font que retarder l'échéance inéluctable dans laquelle le système capitaliste de sur-production nous conduit.

4. La tabula rasa semble la seule solution. Vers quoi me direz vous ? Je ne sais pas ... Mais si un jour LO prend le pouvoir via les urnes, l'Homme sera tellement différent de ce qu'il est maintenant que cette question se résoudra d'elle même.

Citation :

4. La tabula rasa semble la seule solution. Vers quoi me direz vous ? Je ne sais pas ... Mais si un jour LO prend le pouvoir via les urnes, l'Homme sera tellement différent de ce qu'il est maintenant que cette question se résoudra d'elle même.

La "tabula rasa" du capitalisme enfin mondialisé qui nous aura montré se effets dévastateurs et inhumains conduira l'homme à vivre dans "une société sans classes qui mettra fin aux conflits entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'homme, entre l'individu et l'espèce, entre l'existence et l'essence, entre l'objectivation et l'affirmation de soi, entre la liberté et la nécessité)."

Il n' a pas d'autre issue pour chacun et pour tous.... et l'échéance me paraît de plus en plus proche....

Cordialement

fourmi

zatopek a écrit:

Je vais donc essayer d'énumérer les raisons qui me portent vers ce vote.

Réflexion(s) intéressante(s) même si je ne mettrai pas le même bulletin que toi dans l'urne.

Je reproche personnellement aux trotskystes de se poser trop souvent en dehors du monde, un peu comme les libertaires, et de sacrifier les intérêts immédiats des travailleurs au profit de l'hypothétique révolution future qui renversera la société capitaliste.
En bref, de ne pas hésiter à jouer la politique du pire (comme en 2002) en rejetant la gauche "de gouvernement" autant que la droite et en cultivant une sorte de sentiment de "pureté" à l'opposé de l'action concrète... mieux, ou pire, ils condamnent aussi l'expérience soviétique et n'hésitèrent pas à hurler avec les loups anti-communistes par le passé.
Ce côté "donneurs de leçons" perpétuel m'énerve et j'avoue ainsi être souvent agacé quand j'entends Laguiller s'exprimer.

Alors, je comprends bien que le but est de mettre à bas l'ensemble du système actuel en essayant même de précipiter sa chute, mais la théorie se heurte souvent à la pratique. Et on ne peut pas toujours rester sur son petit rocher à fustiger tout le monde en proposant juste un modèle de société idéale qui reste du domaine de l'abstrait et peut de toute façon difficilement naître ex nihilo et spontanément.

Bon, je dois aussi reconnaître que je ne crois pas en un renversement complet et direct du système via une révolution violente (le contexte me semblant trop différent de la Russie de 1917 où cette hypothèse était beaucoup + pertinente).
Ma préférence va plutôt à un type de société "mixte" où l'Etat joue un rôle affirmé y compris sur le plan économique, en bref une sociale-démocratie véritable comme aurait d'ailleurs pu l'être l'URSS si Lenine n'était pas mort et la NEP brutalement stoppée.
Quitte à ce que ce ne soit qu'une étape vers la "tabula rasa" (ie l'instauration du socialisme), si les résultats sont satisfaisants.
Mais les trotskystes me semblent mettre la charrue avant les boeufs.

Cela dit, dans le contexte politique français, je préfèrerais évidemment voir une Arlette à 17% et un Le Pen à 5%. Il y aurait alors selon moi une forme d'aiguillon utile à la gauche "sociale-démocrate" un peu comme les grèves de 1936 qui permirent à Blum d'avoir des as dans la manche face au patronat pour lui arracher de substantielles concessions.
Peut-être nos votes futurs seront-ils alors "complémentaires", si je puis dire.

Comme zapotek, je pense que Lenine serait devenu un despote s'il avait vécu.

Par contre, je ne suis pas sûr que la tabla rase va régler les problèmes. J'ai l'impression qu'une longue période de violence et de jungle sans loi va survenir avant que les hommes se décident à se structurer à nouveau (je dis ça, car la fin, à mon avis, va survenir en raison de la fin du pétrole).

Pendant cette période, ceux qui pourraient avoir une certaine sagesse parce qu'ils ont vécu la période pré-apocalyptique, vont mourir et tout va recommencer avec les jeunes fous (un peu comme la planète de singe... )

Chuis pas très optimiste...

Concombre a écrit:

Comme zapotek, je pense que Lenine serait devenu un despote s'il avait vécu.

Tout dépend de ce qu'on appelle despote... je suis pour ma part tenant de la thèse que l'URSS aurait pu constituer une forme de sociale-démocratie tendant vers le socialisme si Lenine avait vécu + longtemps et si la NEP s'était poursuivie.
Son testament politique est en tout cas suffisamment explicite au sujet de Staline pour considérer qu'il n'aurait jamais approuvé la personnalisation du pouvoir incarnée par son successeur, qui est précisément le symbole des despotes.

Concombre a écrit:

Par contre, je ne suis pas sûr que la tabla rase va régler les problèmes. J'ai l'impression qu'une longue période de violence et de jungle sans loi va survenir avant que les hommes se décident à se structurer à nouveau (je dis ça, car la fin, à mon avis, va survenir en raison de la fin du pétrole).

Bah, la structuration des sociétés humaines est quand même bien antérieure à l'exploitation du pétrole.
Et la jungle, c'est le monde actuel dirigé par la pensée néo-libérale qui écrase les Nations et les Etats.
D'où à mon avis la nécessité de redonner du poids aux Etats en tant que représentants de l'intérêt collectif des populations.

http://www.arte.tv/fr/search__results/1323766.html

Citation :

Nauru, l’île aux désastres
de Laurent Cibien et Pascal Carcanade –
ARTE GEIE / Beta Productions / RFO / RTBF – France 2006 (22’)


>> Vidéo - 22'

Nauru, 21 km2, 12000 habitants, la plus petite république indépendante du monde, perdue au milieu de l’Océan Pacifique. Nauru est un Etat au destin unique : richissimes jusque dans les années 90, grâce à l’extraction d’un des phosphates les plus purs de la planète, les Nauruans survivent désormais dans le chaos d’un pays en faillite.
Depuis 5 ans, les journalistes qui ont pu visiter l’île se comptent sur les doigts d’une main. Comme si Nauru avait honte de son histoire désastreuse. Après plus d’un an de négociations, l’équipe d’ARTE Reportage a pu s’y rendre.

Aujourd’hui, les derniers hectares de phosphate disponibles sont en fin d’exploitation, les trois-quarts de l’île ressemblent à une gigantesque carrière, et l’argent a été dilapidé, par incompétence ou naïveté. La population meurt de diabète, d’obésité, des excès de la société de consommation… Pour survivre, Nauru en est réduite à jouer un mauvais rôle : celui de recevoir les demandeurs d’asile jugés indésirables et envoyés par l’Australie.

Nauru : la caricature d’un développement non durable…

Quand on vous le disait que la fin dui monde capitaliste est annoncée !

Nauru est la démonstration REALISTE, ni démagogique, ni idéalisée, de ce qui arrive quand.... on agit comme on agit en ce moment sur la planète TERRE....

Aujourd'hui même, à cette heure précise, TV5 Monde diffuse ce reportage......

Cordialement

fourmi

sympatik a écrit:

Je reproche personnellement aux trotskystes de se poser trop souvent en dehors du monde, un peu comme les libertaires, et de sacrifier les intérêts immédiats des travailleurs au profit de l'hypothétique révolution future qui renversera la société capitaliste.
En bref, de ne pas hésiter à jouer la politique du pire (comme en 2002) en rejetant la gauche "de gouvernement" autant que la droite et en cultivant une sorte de sentiment de "pureté" à l'opposé de l'action concrète...

Comme tu y fais référence je dois aussi avouer n'avoir pas choisit entre Le Pen et Chirac au 2nd tour de l'élection de 2002, et je suis heureux de ce choix. Je crois que le choix de LO en la matière (ie: ne pas choisir) était assez logique. Car á l'époque deux choses étaient évidentes:

1. Le Pen n'allait jamais gagner

2. Si par un hasard impossible et inimaginable il venait á gagner il y aurait eût une guerre civile en France et les gens se seraient tournés vers l'EG (donc LO) pour combattre l'ED.

C'est justement ce sentiment de "pureté" comme tu le dis qui m'attire vers eux et me repousse de la LCR.

sympatik a écrit:

Et on ne peut pas toujours rester sur son petit rocher à fustiger tout le monde en proposant juste un modèle de société idéale qui reste du domaine de l'abstrait et peut de toute façon difficilement naître ex nihilo et spontanément.

Je pense qu'il faudra toujours une élite, rêveuse, Lénine parlait "d'avant garde" (vanguard of the proletariat) qui puisse donner espoirs aux masses enchaînés. C'est le rôle de LO.

sympatik a écrit:

Tout dépend de ce qu'on appelle despote... je suis pour ma part tenant de la thèse que l'URSS aurait pu constituer une forme de sociale-démocratie tendant vers le socialisme si Lenine avait vécu + longtemps et si la NEP s'était poursuivie.
Son testament politique est en tout cas suffisamment explicite au sujet de Staline pour considérer qu'il n'aurait jamais approuvé la personnalisation du pouvoir incarnée par son successeur, qui est précisément le symbole des despotes.

Bien sûr que Lénine eût préféré Trotsky á Staline, mais le fait est que les camps pour oppossants politiques, les arrestations, la Tchéka, la dissolution de l'assemblée constituante en janvier 1919 par les Bolchéviks lorsque ces derniers se sont rendus compte qu'il n'était pas majoritaire, etc Tout ces événements sont antérieurs á 1924. Il est vrai que Lénine ne désirait pas être adulé après sa mort, mais c'est peu ...

De toutes façons comme tu l'as déjá dit, en 2006, en France, les choses sont bien différentes de 1917 en Russie, et il n'y a pas lieu de faire de parralélisme.

zatopek a écrit:

Comme tu y fais référence je dois aussi avouer n'avoir pas choisit entre Le Pen et Chirac au 2nd tour de l'élection de 2002, et je suis heureux de ce choix. Je crois que le choix de LO en la matière (ie: ne pas choisir) était assez logique.

Oh, ça ne me pose aucun problème car j'ai longuement hésité moi-même et je ne suis pas certain d'avoir fait le bon choix en glissant un bulletin Chirac dans l'urne.
Je parlais plutôt de l'attitude face au PS avant le 1er tour et du sentiment que, comme Le Pen, LO fustigeait "l'UMPS" sans tenir compte des différences gauche-droite.
C'est ce qui me chagrine, personnellement, je trouve que c'est jusqu'au boutiste et, d'un point de vue purement pragmatique, contre-productif.

zatopek a écrit:

Je pense qu'il faudra toujours une élite, rêveuse, Lénine parlait "d'avant garde" (vanguard of the proletariat) qui puisse donner espoirs aux masses enchaînés. C'est le rôle de LO.

Si LO avait une influence réelle et décisionnaire, je serais prêt à le croire.
Mais voir des élus de ce parti s'abstenir lors de votes régionaux ou européens sur des propositions visant à l'amélioration immédiate du sort des travailleurs ou des précaires, j'avoue que j'ai du mal à saisir la démarche.
Trop "rêveuse", sans doute, à mon goût.

Je perçois LO comme le pendant du PCF révolutionnaire des années Thorez/Cachin; si il en a les qualités il en a aussi les défauts: LO pourrait devenir à la longue un poids important dans la balance politique et permettrait de faire fléchir le patronnat sur des questions économiques et sociales importantes, la peur du communisme à toujours été bienfaisante pour le prolétariat (voyez les réformes obtenues dans les années 50-60 à cause de la epur de la "France rouge"). Néanmoins je considère LO sous regard assez dubitatif, voir sceptique: LO me semble trop présomptueuse, imdomptable, imprévisible,...s'en remettre à LO seule me semble assez périlleux pour quiconque s'attachant à la démocratie.