«décommunisation»: arme politique de la droite polonaise; d'origine Américaine elle sert aux frères Kaczynski pour éliminer leurs rivaux. Gnagrène de la démocratie...
C'est une boîte de Pandore que les frères Kaczynski viennent d'ouvrir. Dix-sept ans après la chute du communisme, la traque des agents de l'ancienne police secrète (SB) bat son plein, plongeant la Pologne dans un climat délétère qui navre l'historien Andrzej Paczkowski. « Bien sûr, les victimes du communisme ont droit à la vérité. Bien sûr, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité nationale, nos responsables doivent faire la preuve de leur intégrité. Mais là, c'est trop !»
Promulguée en 1997, la loi dite de lustration (du latin lustratio, « purification») obligeait jusqu'ici les parlementaires, ministres et magistrats à déclarer s'ils avaient ou non collaboré avec les services secrets communistes. Un aveu n'entraîne pas de sanction automatique, mais un mensonge est puni d'une interdiction d'exercer une fonction publique pendant dix ans. Des dispositions jugées trop timides par le président Lech Kaczynski et son jumeau Jaroslaw, premier ministre. Une nouvelle loi, qui entrera en vigueur à la fin du mois, astreindra également les élus locaux, les enseignants et les journalistes à signer cette déclaration. Au total, plus de 400 000 personnes seront concernées contre 26 000 auparavant.
Qui plus est, l'Institut de la mémoire nationale (IPN), qui conserve les archives de la SB - quelque 80 kilomètres de dossiers - sera tenu de publier la liste nominative de tous les collaborateurs de l'ancienne police secrète. La SB et les Renseignements militaires comptaient entre 800 000 et un million de collaborateurs ou prétendus tels. Car si les identités de ces « collabos » sont connues, « dans plus de 80 % des cas », assure Andrzej Paczkowski, qui fut membre du conseil de l'IPN de 1999 à 2006, « il n'existe aucun document permettant d'établir la nature exacte de leurs activités ».
Dommages collatéraux
Parmi ceux que la SB qualifiait de « sources d'information », comment distinguer dès lors les agents actifs des informateurs occasionnels, voire des victimes ? Mis en cause récemment dans un hebdomadaire, Marek Borowski, chef de file de la gauche (opposition), a été « approché » par la SB au début des années 1980. « J'ai refusé de collaborer, mais il n'empêche que les Renseignements militaires détiennent un dossier sur moi. » La même mésaventure est arrivée au ministre des Finances, Zyta Gilowska, dont le seul tort était d'avoir eu pour amie l'épouse d'un agent de la police secrète.
Du même coup, la « décommunisation » a viré à la chasse aux sorcières. Les fuites, savamment orchestrées, se multiplient depuis qu'un proche des Kaczynski, Janusz Kurtyka, a pris la direction de l'IPN. Stimulés par l'hystérie d'une partie de la presse proche du pouvoir, les jeunes loups de Droit et Justice (PIS), le parti des Kaczynski, n'ont pas craint le ridicule en accusant feu Jacek Kuron, figure de proue de Solidarité et modèle incontesté de probité, d'avoir « négocié » avec la SB.
La lustration a aussi entraîné des dommages collatéraux : Lech Kaczynski a dû se séparer de son conseiller Andrzej Krawczyk, soupçonné, lui aussi, d'avoir collaboré avec les Renseignements militaires. Redoutant un effet boomerang, le président polonais a exigé des amendements à la nouvelle loi avant même son entrée en vigueur. Ses « mousquetaires » n'ont pas baissé la garde pour autant. Le ministre de la Défense, Alexander Szczyglo, s'est engagé à purger l'armée. Son adjoint, Antoni Macierewicz, applique sans nuances la théorie du complot aux Renseignements militaires qu'il décrit comme une officine du KGB. Un projet de loi prévoit de publier les noms des anciens agents de la SB, de leur interdire l'accès à la fonction publique et de réduire de manière drastique leurs pensions de retraite. Suprême revanche, l'ancien homme fort de la République populaire de Pologne, le général Jaruzelski, âgé de 82 ans, pourrait être rétrogradé au rang de simple soldat.
Une lecture manichéenne de l'histoire
Les anciens du mouvement Solidarité ne sont pas davantage épargnés. C'est que les frères jumeaux les tiennent pour coupables d'avoir trahi leurs idéaux en pactisant avec l'ancien régime, c'est-à-dire avec le diable, lors des négociations dites de la table ronde, au printemps 1989. Un compromis historique qui légitimait la présence des anciens communistes dans la vie publique en contrepartie d'un démantèlement progressif du communisme. « Avons-nous eu tort ?», s'interroge le journaliste et ancien militant Konstanty Gebert. «Cela se passait un an avant la chute de l'Union soviétique et, selon moi, il eut été irresponsable de se livrer à des règlements de compte. Mais il est vrai que cette révolution pacifique, loin d'être perçue comme une victoire, a suscité un sentiment d'injustice chez les perdants de la transition, remontés contre »les élites menteuses* qui, selon les Kaczynski, ont confisqué le pouvoir politique et économique pendant quinze ans. » Comme une partie de la jeune génération, le journaliste Wawrzyniec Smoczynski ne cache pas sa perplexité. « On a choisi de fermer les yeux, dit-il. Mais comment approuver Adam Michnik (ancien conseiller de Lech Walesa) lorsqu'il qualifie le général Kiszczak (ministre de l'Intérieur de Jaruzelski) d'homme d'honneur ? »
À l'instar de Marek Borowski, la plupart des observateurs voient surtout dans cette campagne anticommuniste une tactique politique des « shérifs » Kaczynski. « La lutte contre la corruption et la»décommunisation* sont leur fonds de commerce. Ils ont été élus sur ces deux promesses. Les sondages leur sont défavorables. Alors, ils créent un danger pour éliminer leurs rivaux politiques. Diviser pour régner : c'est un art dans lequel ils ont toujours excellé. »
Outre que le tribunal constitutionnel risque de mettre son veto au nouveau dispositif législatif, il sera de toute façon très difficile, à en croire Andrzej Paczkowski, de l'appliquer. Trop de gens sont incriminés. La plupart sont morts. « Surtout, cette lecture manichéenne et idéologique de l'histoire n'est pas raisonnable. Ce n'est pas en publiant des noms que nous comprendrons comment fonctionnait le système. »
Je suis honteux de mon pays...J'ai honte de voir ce beau pays dirigé par des fascistes mégalomanes qui tuent le peuple et la liberté...Sans avoir aucune sympathie pour les anciens ollaborateurs de Jaruzelski je suis choqué par de telles méthodes, par un tel abus de pouvoir...
Cela me rappelle quelque chose:
Gouverneur député juge Thomas Danforth, Salem 1691.
Sénateur McCarthy, New York 1951
Président Lech Kaczynski (aini que son frère Jaroslaw Kaczynski premier ministre et présidebnt du parti droit et justice), Varsovie 2007
Trois hommes et une longue tradition de chasse aux sorcières répetée aujourd'hui en Pologne...Alors je te le demande: Arthur Miller, toi qui a réussit à faire plier la folie McCarthyiste, relève toi, ils sont devenus fous!